Dans une note de service envoyée au personnel de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) le 19 avril 2024, l’Agence a annoncé que la mise en œuvre d’une partie du système de gestion des cotisations et des recettes de l’ASFC (GCRA) serait reportée à l’automne 2024.
Cette annonce est une source de soulagement pour le personnel de l’ASFC à travers le pays. Parmi les membres du SDI, il y a un consensus presque universel sur le grave manque de formation adéquate concernant la GCRA, et ce quelques jours seulement avant ce qui devait être la mise en œuvre du système le 13 mai. Cela aurait pu avoir un impact désastreux sur plusieurs secteurs de l’industrie ainsi que sur la capacité de l’Agence à fournir des services à la population canadienne. La capacité de formation de l’Agence est terriblement insuffisante, et cela n’a jamais été aussi évident qu’avec le projet de la GCRA.
Qui plus est, le rapport déposé le 18 avril par le Comité permanent du commerce international de la Chambre des communes indique aussi clairement que la GCRA ne peut tout simplement pas être mise en œuvre sans une étude plus approfondie des possibles ramifications.
En effet, dans l’état actuel des choses, la GCRA est cause de grande incertitude pour de nombreuses personnes. Le projet semble reproduire le modus operandi de projets antérieurs de l’ASFC — notamment ArriveCAN — où un système est déployé de façon précipitée comme solution à un problème inexistant, sans consultation adéquate avec les acteurs clés, y compris le propre personnel de l’Agence et le syndicat qui les représente. Il est d’ailleurs à noter qu’il n’y a pas encore eu de consultation avec le syndicat au niveau national concernant la GCRA.
Le report de la mise en œuvre de la GCRA, du moins en partie, est sans aucun doute une bonne nouvelle.
L’Agence se défile
Ce qui est troublant, cependant, c’est qu’une fois de plus, l’ASFC continue de faire preuve du même manque d’imputabilité qui est maintenant routine au sein de la gestion de l’Agence. Dans son message du 19 avril à son personnel, au lieu de mentionner les graves préoccupations qui ont été soulignées au sujet du projet et d’assumer la responsabilité de son propre manque de planification et de prévoyance, l’Agence préfère jeter le blâme sur les votes de grève qui sont en cours pour le groupe FB.
« Étant donné qu’un vote de grève de l’Alliance de la Fonction publique du Canada est en cours, nous savons que des éléments clés de notre équipe de la GCRA pourraient être en position de grève légale dans les jours et les semaines qui suivront le lancement prévu de la GCRA […]. C’est pourquoi nous sommes en mesure de lancer partiellement la GCRA compte tenu des circonstances », peut-on lire dans la note service.
N’en déplaise à l’ASFC, une grève est loin d’être inévitable. En imputant les retards de la GCRA aux votes de grève, la gestion de l’Agence révèle une fois de plus son profond manque d’intégrité.
Si l’ASFC et le Conseil du Trésor étaient vraiment soucieux d’éviter une possible grève, ils répondraient à nos demandes pour obtenir convention collective équitable en offrant à nos membres FB la parité salariale avec les autres forces de l’ordre du pays, une protection contre la sous-traitance, le droit au télétravail et une meilleure sécurité d’emploi. Ils introduiraient sans délai la retraite équitable après 25 ans de service pour le personnel de l’ASFC.
Contrairement à la GCRA, voilà qui est facile à mettre en œuvre.
Cependant, au lieu de faire la bonne chose, l’ASFC préfère induire le public canadien en erreur quant aux raisons derrière l’échec de la mise en oeuvre de la GCRA.
L’employeur semble vouloir prétendre qu’une grève est inévitable. À la lumière de ce qui précède, le SDI demandera conseil aux services juridiques de l’AFPC pour déterminer si la déclaration de l’Agence devrait être considérée comme de la négociation de mauvaise foi. Nous ne manquerons pas d’informer les membres si nous devons prendre d’autres mesures.