Author Archives: Pierre St-Jacques

Discussions de l’AFPC lors du Mois de l’histoire des Noirs désormais en ligne

Bannière du Mois de l'histoire des Noirs

À l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs, l’AFPC a organisé une série de panels traitant des enjeux auxquels font face les personnes noires au travail et soulignant l’apport du militantisme syndical noir au Canada. Vous pouvez désormais regarder ces discussions en ligne, en consultant la page suivante.

Passages au poste frontalier de Lacolle : Précisions — Déclaration de Jean-Pierre Fortin, président national du SDI

Photo du drapeau du SDI

J’aimerais clarifier certains commentaires que j’ai faits lors de mon passage à l’émission de Mario Dumont sur les ondes de TVA/LCN, et qui ont troublé plusieurs personnes, en particulier au sein de la communauté juive.

Lors de l’entrevue réalisée le 26 mars dernier, je me suis entretenu avec Mario Dumont au sujet d’un afflux considérable de voyageurs à la frontière canado-américaine, particulièrement au poste frontalier de Lacolle, au Québec. J’ai également parlé du manque de ressources de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) pour faire respecter les règles de quarantaine.

Questionné sur la raison de cet afflux jugé inhabituel, j’ai expliqué que cette augmentation pouvait être expliquée en partie par un nombre important de citoyens issus de la communauté juive rentrant au pays pour célébrer la Pessah, ou Pâque juive. J’ai souligné du même coup que l’enjeu ne se trouvait pas au niveau de la pratique religieuse, mais bien au niveau de l’incapacité de l’ASPC de gérer un tel nombre d’entrées et de faire respecter les règles de santé publique mises en place en réponse à la COVID-19.

Peu après, cette entrevue a été partagée sous la forme d’un extrait vidéo intégré à un article sur le même sujet publié sur plusieurs sites du réseau Québecor. Cet extrait comportait au moment de sa diffusion un sous-titre erroné suggérant que j’attribuais la totalité de l’afflux à la communauté juive entrant au Canada au poste frontalier de Lacolle.

Ce sous-titre inexact ne représente aucunement mes commentaires ou la position de notre syndicat — nous avons d’ailleurs réagi promptement, demandant la correction de l’extrait dans les plus brefs délais, chose faite le jour même. Si j’ai bel et bien mentionné que les agents frontaliers estimaient le nombre de passages à environ 8000 personnes, j’ai précisé que je parlais du nombre total de voyageurs, et non pas spécifiquement des membres de la communauté juive. Cependant, je réalise aujourd’hui ne pas avoir été aussi clair que je l’espérais.

Je comprends et regrette l’impact que cela a eu sur la communauté juive dans son ensemble ainsi que sur nos membres.

Au cours de l’entrevue, j’ai également fait part de mes préoccupations concernant les voyageurs qui traversent la frontière et qui pourraient ne pas respecter les règles de santé publique. L’intention était de me prononcer quant à l’ensemble des voyageurs qui traversent la frontière, mais je comprends que mes commentaires puissent être interprétés comme ayant visé la communauté juive de façon singulière.

Je regrette que mon choix de mots ait laissé entendre que les voyageurs issus de la communauté juive étaient malhonnêtes ou qu’ils ne respecteraient pas les règles de quarantaine. Bien que l’intention importe moins que l’impact, mes propos se voulaient d’ordre général, afin de souligner la pression exercée sur nos membres lorsqu’un grand nombre de personnes arrivent de façon inattendue aux postes frontaliers.

J’ai soulevé ces préoccupations parce qu’elles font écho aux conclusions du récent rapport publié par la vérificatrice générale du Canada : l’ASPC, chargée d’assurer le respect de l’ordonnance de quarantaine et des mesures sanitaires, n’est pas outillée pour remplir son mandat et ainsi veiller de façon efficace à la santé et à la sécurité de la population canadienne — surtout lors de tout afflux considérable, quel que soit le nombre.

Cette réalité n’est certainement pas propre à un seul poste frontalier. Partout au pays, au cours des derniers mois, les agents frontaliers ont été confrontés à des voyageurs — toutes communautés confondues — refusant de se conformer aux exigences de santé publique, sans pouvoir intervenir. Quant à eux, les agents de l’ASPC, qui disposent des pouvoirs nécessaires, n’ont tout simplement pas les ressources, la formation, ou l’appui de leur agence pour le faire. Cette situation est non seulement frustrante, mais également inquiétante.

J’espère que mes commentaires seront considérés de bonne foi — je souhaitais sensibiliser les gens aux problèmes constants auxquels sont confrontés les agents de l’ASFC et les responsables de la santé publique dans l’application des règles de quarantaine pour les voyageurs, ainsi qu’à la nécessité pour eux d’être correctement équipés pour faire ce travail, et ainsi veiller au bien-être de tous les Canadiens et Canadiennes en ces temps de pandémie.

Vaccin contre la COVID-19 des agents et des employés de première ligne de l’ASFC : lettre au ministre Blair

Photo du drapeau du SDI

Le président national du SDI, Jean-Pierre Fortin, a envoyé la lettre suivante à l’honorable Bill Blair, ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, le 25 mars 2021.


(La version anglaise de cette lettre a été envoyée au Ministre)

Monsieur le Ministre,

Maintenant que la vaccination contre la COVID-19 est en cours partout au Canada, je tiens à souligner le besoin urgent pour les membres du Syndicat des Douanes et de l’Immigration (SDI) qui travaillent pour l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) d’être vaccinés comme tous les autres travailleurs essentiels de première ligne. Comme les travailleurs fédéraux sont souvent oubliés par les autorités provinciales, je sollicite votre aide pour que nos membres bénéficient d’une priorité adéquate dans le cadre des efforts de vaccination déployés dans toutes les provinces.

Comme vous le savez, les gouvernements provinciaux ont la responsabilité d’établir le calendrier d’immunisation et d’administrer le vaccin. Les plans de vaccination varient donc considérablement d’une province à l’autre, ce qui rend la situation particulièrement difficile à gérer pour les travailleurs fédéraux. En fait, deux fonctionnaires fédéraux qui travaillent dans un contexte similaire, qui exécutent les mêmes fonctions, mais qui se trouvent sur des territoires différents peuvent très bien ne pas avoir le même accès à la vaccination prioritaire, si tant est qu’ils bénéficient d’une priorité.

Le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve et Labrador ont dit clairement dès le début que le personnel de première ligne de l’ASFC serait vacciné à leur Stade 2, en même temps que les autres travailleurs essentiels, conformément aux lignes directrices fédérales touchant le déploiement du vaccin. Quelques provinces — l’Ontario, la Nouvelle-Écosse, l’Alberta et la Colombie-Britannique — ont indiqué à un moment où l’autre que les travailleurs de première ligne et les agents de police seraient vaccinés en priorité, sans inclure de manière explicite les agents des services frontaliers dans leur ordre de priorité. On comprend aisément que cela a généré une certaine confusion chez nos membres, dont un grand nombre effectuent un travail de première ligne. Même si depuis lors, il y a eu certains mouvements positifs du côté de l’Ontario, au moment de vous écrire, la situation demeure obscure, tout comme en Colombie-Britannique et en Alberta. En Nouvelle-Écosse, malheureusement, le gouvernement provincial a confirmé à l’ASFC que le personnel des services frontaliers n’allait pas être vacciné en priorité.

Finalement, d’autres gouvernements, ceux du Québec, de la Saskatchewan et du Manitoba, semblent avoir décidé de renoncer, dans l’ensemble, à tout ordre de priorité autre que l’immunisation en fonction de l’âge, fermant ainsi la porte à la vaccination accélérée pour tout travailleur de première ligne n’appartenant pas au secteur de la santé, dont nos membres.

Il va sans dire que certains groupes, comme les aînés, les travailleurs de la santé ou ceux qui travaillent dans des milieux à risque très élevé, doivent être aux premiers rangs pour la vaccination. Cependant, les premiers répondants et le personnel d’application des lois comme les agents de police ou, dans le cas de nos membres, les agents des services frontaliers travaillent également dans des milieux où ils sont susceptibles d’entrer en contact avec des sources de COVID-19. Avec une 3e vague qui déferle maintenant dans de nombreuses parties du pays et avec une transmission communautaire accrue des variants de la COVID, il est donc essentiel que ces travailleurs soient également protégés en temps opportun, et non placés au bas de la liste des priorités dans l’une ou l’autre des provinces.

Pour la majeure partie de l’année dernière, les hommes et les femmes de l’ASFC ont continué d’effectuer un travail d’une importance cruciale malgré les difficultés associées à la pandémie de la COVID-19. La réalité est que chaque jour, les agents et les employés de l’ASFC mettent leur santé en danger en entrant en contact étroit avec des sources potentielles de COVID-19 dans le cadre de leurs fonctions :

  • En notre qualité d’agents de contrôle en vertu de la Loi sur la mise en quarantaine, nous sommes appelés à nous entretenir avec des voyageurs potentiellement malades et à les évaluer afin de détecter des signes de maladie ;
  • Avec une poursuite soutenue des activités commerciales à la frontière, nous continuons d’inspecter les marchandises entrant au pays, de traiter des centaines de chauffeurs de camion en provenance de points chauds de COVID-19 ou qui ont transité par ces points chauds ;
  • Nous travaillons dans des centres de traitement du courrier à proximité d’autres travailleurs qui peuvent avoir été exposés à la COVID-19 ;
  • Nous escortons des détenus partout dans le monde, qu’il y ait ou non des mesures préventives en vigueur dans les pays visités ;
    Nous travaillons dans les Centres de surveillance de l’immigration, souvent dans des milieux clos avec les détenus ;
  • Nous avons également participé au traitement rapide des commandes d’équipement de protection individuelle si nécessaire pendant la pandémie et, récemment, au dédouanement des premiers envois de vaccins aux aéroports et aux frontières terrestres.

Bref, les travailleurs et les agents des services frontaliers ont joué un rôle d’une importance cruciale pour assurer la sécurité des Canadiens et garder active l’économie transfrontalière. Je suis certain que vous serez d’accord : ils doivent être protégés de manière adéquate pour poursuivre ce travail important.

Ces dernières semaines, les membres du SDI ont communiqué avec leurs députés provinciaux pour insister sur le besoin urgent d’une vaccination rapide. À titre de président national du SDI, j’ai également écrit personnellement aux premiers ministres provinciaux, exhortant leurs gouvernements à inclure tout le personnel de première ligne dans leur calendrier de vaccination accélérée. Dans certains cas, la réponse a été positive, mais dans l’ensemble le paysage demeure très inégal.

Vous avez récemment rencontré, virtuellement, les agents des services frontaliers de Lacolle, les remerciant de travailler sans relâche au maintien de la sécurité de notre pays. Une telle marque de reconnaissance a certainement été bien accueillie par nos membres. Je crois également savoir que vous avez indiqué qu’au besoin vous interviendriez auprès des autorités provinciales en faveur de l’immunisation prioritaire de nos membres. Je vous écris donc aujourd’hui pour vous demander votre appui dans cette démarche : quelle que soit la province, le personnel frontalier de première ligne ne doit pas être laissé pour compte et doit être inclus dans les efforts de vaccination accélérée.

Je vous remercie à l’avance de donner à cette question toute l’attention qu’elle mérite. Je demeure à votre disposition si vous avez des questions et j’attends avec impatience votre réponse.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, mes salutations distinguées,

Le président national,

Jean-Pierre Fortin

Téléchargez la version PDF de cette lettre.

Journée internationale des femmes : la lutte pour un avenir équitable

illlustration pour la journée internationale des femmes, montrant plusieurs femmes solidaires

Cette année, à l’occasion de la Journée internationale des femmes, l’AFPC reconnaît la force et la résilience dont les femmes font preuve jour après jour. La pandémie mondiale a touché les femmes de façon disproportionnée. Nous assistons à une crise sexospécifique. Nous devons continuer à nous organiser et à prendre des mesures pour assurer une relance équitable qui tient compte des incidences intersectionnelles et sexospécifiques de la pandémie.

Dans les premiers mois de la pandémie, la participation des femmes à la population active du Canada a diminué pour atteindre son niveau le plus bas en 30 ans. Il sera difficile de remonter la pente, car les femmes sont surreprésentées dans les industries qui ont le plus écopé. C’est le cas notamment du secteur des services, où les emplois sont souvent mal payés, non syndiqués et précaires. Les femmes comptent pour la majeure partie de la main-d’œuvre de première ligne. À cause de la nature essentielle de leur travail, elles ont été sur la ligne de front durant la pandémie, courant ainsi un risque accru de contracter le virus.

La fermeture des écoles et des garderies a créé des obstacles supplémentaires. Contrairement aux hommes, bon nombre de femmes ont dû réduire leurs heures de travail ou carrément quitter leur emploi pour s’occuper de leurs enfants. Et la situation est encore pire pour les femmes des communautés marginalisées qui se buttent à des obstacles systémiques.

Un plan de relance juste doit reposer sur une vision féministe et intersectionelle. Cela signifie notamment qu’il faut créer un réseau national de services de garde universels, abordables et accessibles. Nous luttons pour les services de garde depuis des décennies. Nous voilà à la croisée des chemins. L’égalité et l’indépendance économique des femmes passent par les services de garde. L’année dernière, le gouvernement a promis de créer un système national d’éducation préscolaire et de garde d’enfants. Ça ne suffit pas. Il doit mettre en place et financer un réseau de services de garde universels, abordables et de grande qualité.

Les femmes de notre syndicat se battent depuis longtemps pour l’égalité et la justice, et la pandémie ne les a pas ralenties. Grâce à nos actions et à notre solidarité, nous ferons tomber les barrières et lutterons pour une relance juste pour tous et toutes. À l’occasion de la Journée internationale des femmes et tous les jours, nous devons lutter pour un avenir équitable. Ensemble, nous avons le pouvoir de faire changer les choses durablement.

La version originale de cet article a été publiée sur le site de l’AFPC.