Les syndicats du Canada marquent le 34 e anniversaire de la tuerie de l’École Polytechnique de Montréal en incitant le gouvernement fédéral à prendre des mesures concrètes pour lutter contre la violence fondée sur le genre au Canada. Ces mesures doivent comprendre la mise en oeuvre de la Convention no 190 de l’OIT (C190), première norme international e en son genre qui reconnaît le droit universel à un monde du travail sans violence ni harcèlement, l’intégration des droits et de la justice autochtones aux pratiques et politiques par la mise en oeuvre des appels à la justice issus de l’Enquête nationale sur les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées (FFADA) et la mise en oeuvre des recommandations que comprend le rapport de la Commission des pertes massivespublié plus tôt cette année.
Le 6 décembre 1989, un tireur a délibérément fait feu sur de nombreuses étudiantes de l’École Polytechnique de Montréal. 14 femmes sont mortes et 10 autres ont été blessées. Chaque année, le 6 décembre, les syndicats du Canada se joignent à des organisations de tout le pays pour marquer la journée et appeler à la prise des mesures nécessaires pour mettre fin à la violence fondée sur le genre et le féminicide.
« Nous nous rappelons les femmes qui sont mortes et ont été blessées ce jour-là parce qu’elles étaient des femmes. Nous marquons le 6 décembre en réaffirmant notre engagement à lutter contre la violence fondée sur le genre. Nous devons à la mémoire des victimes en question et de toutes les personnes mortes ou blessées depuis à cause de la violence fondée sur le genre de prendre des mesures décisives pour mettre fin à cette injustice », déclare Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada. « Les meurtres du 6 décembre se sont produits il y a plus de trois décennies, et pourtant nous luttons encore pour obtenir des protections appropriées contre la violence fondée sur le genre. Au travail, les femmes et les personnes issues de la diversité des genres sont plus susceptibles que les autres de faire l’objet de comportements violents, particulièrement de la part de tiers tels que des clients ou des patients. Chaque travailleuse ou travailleur mérite d’être en sécurité au travail, et c’est pourquoi il est d’une importance cruciale que le gouvernement fédéral collabore avec les syndicats et les employeurs pour mettre en oeuvre la C190. »
La C190 établit un cadre clair de l’élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail et tient les gouvernements responsables de la prévention et de l’élimination de la violence au travail. Le gouvernement fédéral du Canada a ratifié la C190 plus tôt cette année mais il n’a pas encore dressé de plan pour sa mise en oeuvre. Entre-temps, les incidents de violence au travail à l’égard de femmes et de
personnes issues de la diversité des genres continuent d’augmenter.
Les féminicides augmentent : En moyenne, une femme ou fille se fait tuer tous les deux jours au Canada. De plus, nous avons assisté à une augmentation très marquée des incidents haineux misogynes, transphobes et homophobes . L’alarmante prolifération de la désinformation antiféministe et anti-trans en ligne enhardit les gens à commettre des act es violents hors ligne. Plus tôt cette année, à l’Université de Waterloo, un ancien étudiant a pris pour cible et attaqué une professeure agrégée pendant un cours d’études de genre. Deux étudiant es ont été grièvement blessées au cours de l’attaque.
Les travailleuses et travailleurs ayant des identités intersectionnelles, comme les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones, ont des taux particulièrement élevés de violence fondée sur le genre. C’est pourquoi il est d’une importance cruciale que tout plan gouvernemental destiné à éliminer la violence fondée sur le genre comprenne des mesures de mise en oeuvre des appels à la justice issus de l’enquête sur les FFADA.
« La violence fondée sur le genre est une violation des droits de la personne, et le refus d’agir pour y mettre fin n’est pas une option. Toute personne mérite d’être en sécurité au travail, et cela exige d’éliminer la violence fondée sur le genre dans le monde du travail. Mais nous devons y voir de manière délibérée, et toute politique visant à éliminer la violence fondée sur le genre doit témoigner des expériences intersectionnelles », dit Siobhán Vipond, vice présidente exécutive du CTC. « Nous avons pour devoir de rendre hommage à la mémoire des personnes décédées et à celles qui ont survécu en mettant un terme à la violence fondée sur le genre. Depuis plus de trente ans, les syndicats du Canada appellent à la prévention et à l’élimination de toutes les for mes de violence fondée sur le genre, et notre engagement demeure inébranlable. »
Les syndicats du Canada sont prêts à s’atteler à la tâche, avec les gouvernements et les employeurs, pour voir à ce que les personnes travaillant dans tous les secteurs et toutes les compétences soient en sécurité au travail et qu ’aucune ne soit laissée pour compte.
In memoriam
Geneviève Bergeron
Hélène Colgan
Nathalie Croteau
Barbara Daigneault
Anne-Marie Edward
Maud Haviernick
Barbara Klucznik Widajewicz
Maryse Laganière
Maryse Leclair
Anne-Marie Lemay
Sonia Pelletier
Michèle Richard
Annie St-Arneault
Annie Turcotte
La version originale de cet article a été publiée sur le site du CTC.