Mettre fin à la violence fondée sur le genre : une responsabilité collective

En cette Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes, nous honorons la mémoire de celles qui sont décédées des suites de violences fondées sur le genre et nous nous engageons à agir ensemble pour y mettre fin.

Il y a 36 ans, 14 étudiantes de l’École polytechnique ont été arrachées à la vie. Pourquoi? Simplement parce qu’elles étaient des femmes. Un acte de violence ciblé contre des femmes désireuses de s’instruire, un chapitre parmi tant d’autres… Rappelons qu’en 2024 seulement, 187 femmes et filles ont été tuées par la violence au Canada.

Le 6 décembre, nous nous souvenons de ces femmes et de toutes les personnes tuées par la violence fondée sur le genre, mais nous devons aussi prendre des mesures concrètes contre toute violence et tout préjudice.

Cette lutte, c’est celle de tout le monde.

Une responsabilité syndicale

Notre syndicat a le devoir de veiller à ce que les femmes se sentent en sécurité au travail et dans la société. Nous savons malheureusement qu’elles sont confrontées de façon disproportionnée à la violence et au harcèlement sexuels au travail. Un sondage mené par Statistique Canada en 2024 a révélé que 94 % des personnes participantes qui ont dit avoir subi de la violence et du harcèlement sexuels au travail étaient des femmes, et les personnes les plus souvent touchées sont les personnes autochtones, noires, racisées, 2SLGBTQIA+ ou ayant un handicap.

Les femmes victimes de harcèlement au travail n’obtiennent souvent pas le soutien nécessaire en raison de l’inaction de la direction ou parce qu’elles ne signalent pas les incidents par peur de nuire à leur carrière ou de subir les représailles des gestionnaires.

L’AFPC continue de promouvoir de meilleures formations sur les politiques de prévention du harcèlement sexuel et de la violence au travail, ainsi qu’un ensemble de lois plus rigoureuses pour mieux appuyer les victimes et protéger les femmes. Notre syndicat continuera à se battre pour toujours mieux protéger les travailleuses.

Une responsabilité gouvernementale

Les programmes pour prévenir et contrer la violence conjugale et fondée sur le genre ne peuvent survivre sans financement adéquat. Pourtant, les coupes dans les services publics menacent de les priver des ressources dont ils ont cruellement besoin.

Alors que le budget fédéral 2025 propose un financement de 223,4 M$ sur cinq ans pour renforcer l’action fédérale contre la violence fondée sur le genre, il prévoit une réduction générale de 2 % du financement de Femmes et Égalité des genres Canada (FEGC), ce qui pourrait entraîner la suppression de postes pourtant essentiels à la vitalité des programmes.

Ce budget « générationnel » ne mentionne même pas les femmes, les filles et les personnes bispirituelles+ autochtones disparues et assassinées (FFADA2S+) ni aucun investissement ciblé et durable pour les générations autochtones futures.

On ignore encore comment les coupes dans le financement de FEGC affecteront la mise en œuvre des programmes, la qualité des services et la capacité du gouvernement à respecter ses engagements du Plan d’action fédéral 2ELGBTQI+ et du Plan d’action national pour mettre fin à la violence fondée sur le genre. Mais on sait que des organismes partout au pays considèrent la violence fondée sur le genre comme une véritable épidémie et proposent au gouvernement des mesures concrètes pour l’enrayer.

Le gouvernement doit écouter celles et ceux sur le terrain qui constatent les ravages des féminicides : le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, le rapport final de la Commission des pertes massives, l’enquête du comté de Renfrew et le rapport 2024 de Fonds d’action et d’éducation juridique pour les femmes recommandent tous des mesures pour lutter efficacement contre la violence fondée sur le genre. Mais sans financement adéquat pour FEGC, ces recommandations passeront sous le radar, et les femmes autochtones, noires, racisées, 2SLGBTQIA+ et ayant un handicap, en subiront particulièrement les conséquences.

Une responsabilité citoyenne

La violence et le harcèlement fondés sur le genre touchent tout le monde. Agissons!

En nous unissant, nous avons le pouvoir collectif de bâtir une société plus sûre, solidaire et équitable.

Vous connaissez une personne victime de violence conjugale ou sexuelle? Sachez qu’il y a de l’aide. Pour connaître les ressources offertes aux victimes, visitez le site de l’Association canadienne contre la violence sexuelle.

En leur mémoire…

Geneviève Bergeron

Hélène Colgan

Nathalie Croteau

Barbara Daigneault

Anne-Marie Edward

Maud Haviernick

Barbara Klucznik Widajewicz

Maryse Laganière

Maryse Leclair

Anne-Marie Lemay

Sonia Pelletier

Michèle Richard

Annie St-Arneault

Annie Turcotte

Cet article provient du site de l’AFPC.