Délais d’attente aux frontières : le personnel de l’ASFC et les voyageurs laissés pour compte

Les délais d’attente qui persistent dans les aéroports et les postes frontaliers du pays montrent clairement que l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) n’a rien prévu pour que la situation revienne bientôt à la normale. Ce constat est d’autant plus évident que le Plan d’action d’été pour 2022, récemment annoncé par l’ASFC, ne contient aucune mesure à long terme pour remédier aux longs temps d’attente aux frontières et aux pénuries de personnel qui menacent d’alourdir pendant des années encore un système déjà mis à rude épreuve.

« Nous craignons que les mesures proposées par l’Agence aient pour seul effet d’incommoder davantage les voyageurs et de compromettre la sécurité aux frontières », s’inquiète Mark Weber, président national du Syndicat des douanes et de l’immigration (SDI). « Le ministre Marco Mendicino et l’ASFC doivent sans tarder prendre des mesures concrètes et augmenter le nombre d’agentes et d’agents afin d’éviter que les services offerts au public voyageur ne soient réduits davantage. »

Le Plan d’action de l’ASFC, qui vise à alléger les pressions estivales sur les services frontaliers, ne s’attaque pas aux causes profondes des problèmes qui touchent le personnel de l’Agence et les voyageurs d’un bout à l’autre du pays : le manque chronique de personnel et le recours à des procédures automatisées inefficaces.

Loin d’offrir des solutions, le Plan d’action est un ensemble de demi-mesures mal planifiées, telles que les heures supplémentaires obligatoires, la suspension de la formation et d’exercices non essentiels, la prolongation des affectations, la réaffectation des équipes spécialisées en application de la loi et la réduction, voire le refus catégorique de congés discrétionnaires.

« Malgré les graves problèmes auxquels ils font face, les agentes et agents des services frontaliers n’ont pas failli à leur engagement d’assurer la sécurité des Canadiennes et des Canadiens pendant la pandémie », déclare Chris Aylward, président national de l’AFPC. « C’est bien dommage que le gouvernement fédéral ne valorise pas leurs efforts ni ne tienne compte de la pression intense qu’ils ont subie. L’amélioration des niveaux de dotation et des conditions de travail sera un enjeu clé pour nos membres durant la prochaine ronde de négociations avec le Conseil du Trésor et l’ASFC. »

La situation très troublante de la dotation en personnel et les longs délais d’attente aux frontières n’ont pas surgi du jour au lendemain. Selon le SDI, il manquerait globalement de 1 000 à 3 000 agentes et agents dans tous les secteurs des activités frontalières. Pourtant, l’ASFC et le gouvernement fédéral ont choisi de maintenir un effectif nettement insuffisant. Si le gouvernement continue de mépriser le bien-être et la santé mentale des agentes et agents des services frontaliers, il pourrait perdre leur confiance et un personnel dévoué.

« À l’heure où la population canadienne recommence à voyager, l’ASFC est mal équipée pour composer avec l’augmentation du flux de voyageurs aux frontières, et le gouvernement n’est pas prêt à rectifier le tir, déclare M. Weber. Si le gouvernement tient vraiment à éliminer les longs délais d’attente pour les années à venir, alors il doit embaucher d’autres d’agents et agentes et miser sur leur expertise. »[:]