DeSousa : On ne parle pas d’une journée de plus ou de moins : c’est des 10 prochaines années dont il s’agit!

7 août 2024
Sharon-DeSousa

Article d’opinion de Sharon DeSousa, présidente nationale de l’Alliance de la Fonction publique du Canada, publié le 6 août 2024 dans The Hill Times.

Nous sommes à un moment charnière de notre histoire. Le télétravail la main-d’œuvre et la fonction publique. Mais si le gouvernement n’adopte pas une vision à long terme, nous pourrions rater le bateau.

L’enjeu, ce n’est pas seulement de déterminer l’endroit où nous travaillons; c’est aussi de définir nos conditions de travail, nos raisons de travailler et nos objectifs. Il faut se demander quel genre de pays nous voulons dans dix ans, et quelle forme doit prendre la fonction publique pour concrétiser cette vision.

Les fonctionnaires canadiens ont une excellente réputation à l’étranger. L’Institute for Government au Royaume-Uni classe d’ailleurs notre fonction publique parmi les plus efficacesau monde, ce qui s’explique en grande partie par le dévouement, la compétence et la vision de milliers de travailleuses et travailleurs qui sont extrêmement fiers de servir la population.

Malheureusement, plutôt que de tirer parti de cette sagesse collective, le gouvernement prend des décisions unilatérales sur l’avenir de la fonction publique, ce qui nuit grandement aux services et aux programmes qui font l’envie du reste du monde. Les fonctionnaires, et ceux et celles qu’ils servent, méritent mieux.

Plutôt que de nous battre pour obtenir un minimum de respect, nous souhaitons contribuer à bâtir la fonction publique de demain. Une fonction publique qui utilisera des technologies de pointe, mais conservera le côté humain et sera le fer de lance de l’innovation, au pays comme à l’étranger.

Bâtir un avenir meilleur exige des politiques avant-gardistes et un esprit d’équipe. Le gouvernement devrait travailler avec nous à limiter le recours coûteux à la sous-traitance, à améliorer les services et à établir un effectif motivé, diversifié et talentueux aux quatre coins de notre vaste pays.

Il faut investir dans la formation pour préparer les fonctionnaires à travailler dans un monde axé sur l’intelligence artificielle. Nous devons réinventer nos structures organisationnelles pour jouir d’une plus grande marge de manœuvre et répondre aux besoins changeants. Et surtout, il faut valoriser les fonctionnaires, les outiller, et enfin reconnaître que leur bien-être et leur motivation sont essentiels à l’excellence des services et des programmes.

Le télétravail débouche aussi sur des retombées économiques et sociales. Selon l’Institut de recherche et d’information socioéconomiques, pour chaque dollar investi dans le secteur public, jusqu’à 1,28 $ est injecté dans l’économie. Le télétravail profite donc aux communautés autochtones et aux collectivités éloignées ou de petite taille à court d’argent…

Avec ses travailleuses et travailleurs répartis partout au pays, la fonction publique deviendra aussi plus inclusive et accessible, donc plus représentative de notre population.

Les Canadiennes et Canadiens sont prêts à adopter un nouveau modèle de travail, sept sur dix indiquant être favorables au télétravail dans la fonction publique, selon un récent sondage d’Abacus.

Forcer les fonctionnaires à aller au bureau une journée de plus par semaine pour des réunions sur Zoom ne les prépare en rien aux avancées technologiques qui pointent et ne contribue pas non plus à transformer les bureaux en logements abordables – ce dont on a désespérément besoin – nià façonner le Canada de demain.

L’avenir s’annonce prometteur pour la fonction publique canadienne, mais pour qu’elle atteigne son potentiel, il faut un véritable partenariat entre le gouvernement et ses fonctionnaires. Nous voulons mettre à contribution notre expertise, notre dévouement et nos idées novatrices. Nous demandons au gouvernement de se mettre au diapason, de cesser d’imposer ses décisions arbitraires et d’entamer un vrai dialogue.

Pourquoi ne pas ne choisir les changements qui profitent le plus à la population et à la société? Ensemble, nous pouvons créer une fonction publique qui non seulement répond aux besoins d’aujourd’hui, mais pave la voie de demain.

Cet article provient du site de l’AFPC.


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